Remarqué via des indices relevés par plusieurs médias et internautes avant son annonce officielle, Manga Plus a bien mis en place un système d’abonnements afin d’améliorer l’expérience sur la plateforme. Retour sur l’impact qu’a eu son avènement dans le monde des mangas.
On y est, Manga Plus vient d’introduire ses nouveaux abonnements à l’application. Pour résumer les offres, un forfait mensuel de 2,09 euros par mois nous est proposé afin de déverrouiller l’ensemble des chapitres d’un manga en cours. En ce qui concerne les utilisateurs qui souhaitent une expérience complète de l’application, un forfait deluxe de 5,49 euros par mois est disponible pour accéder de manière illimitée à tous les chapitres présents sur la plateforme, qu’ils soient issus de mangas en cours ou déjà terminés.
Attention pas de panique ! Il sera toujours possible de consulter les derniers chapitres des séries en cours comme One Piece sur Manga Plus sans avoir à payer quoi que ce soit. Ces abonnements sont facultatifs et n’ont pour but que d’améliorer l’expérience des lecteurs qui le veulent et de faciliter la lecture de mangas. Il est aussi important de noter que ces abonnements ne concernent que la version anglaise de l’application. Il reste donc à voir quand ce modèle arrivera en France.
Manga Plus : de meilleures conditions de travail
L’arrivée de Manga Plus dans le paysage de l’industrie du manga a permis de proposer des solutions claires pour les acteurs qui y participent. Shihei Lin, responsable éditorial de Jump + (Chainsaw Man, Spy x Family) l’explique au micro de Shigesato Itoi et Nagata de Hobonichi. Lorsqu’un auteur prend une pause dans un magazine papier, il est nécessaire de trouver un remplacement pour combler la page manquante. Cette situation complique le travail des mangakas et alourdit considérablement le travail des éditeurs et imprimeurs. Par conséquent, la tendance était de pousser l’auteur dans ses derniers retranchements. Néanmoins, l’avènement des plateformes numériques a enrayé ce phénomène :
Je pense sincèrement que le fait de publier un manga hebdomadairement n’est pas vraiment un travail normal pour un être humain. C’est pourquoi, dans le département éditorial de l’application « Jump+ » à laquelle j’appartiens, nous avons mis en place un système qui permet de prendre des pauses relativement rapidement, suite à des discussions entre l’auteur, l’éditeur en charge et le rédacteur en chef.
Grâce à ce nouveau système, Shihei Lin déclare que « les sentiments de culpabilité » qu’il éprouvait autrefois envers les auteurs ont beaucoup diminué. Désormais, chaque personne au sein du processus créatif d’un manga a l’occasion de demander une pause lorsque la charge de travail qui les accable devient trop lourde à porter, ce qui contribue à assainir l’industrie dans son ensemble.
Manga plus : une voie vers le succès facilitée
Lors de l’annonce du nouveau système d’abonnement de Manga Plus, l’un des éditeurs de Shonen Jump + App, Momiyama, a apporté des commentaires plutôt intéressants à ce sujet. En effet, pour qu’une série puisse réussir à l’international, deux facteurs étaient nécessaires. Tout d’abord, elle devait connaître un succès considérable au Japon. Enfin, c’est par une adaptation animée que l’œuvre pouvait parvenir à toucher un public étranger. Néanmoins, avec Manga Plus, une création peut dorénavant rassembler un auditoire mondial dès la publication de son premier chapitre sur l’application. Les mangas Kaiju No. 8 et plus récemment Kagurabachi en sont d’ailleurs la preuve, le second ayant causé un réel phénomène sur les réseaux sociaux occidentaux.
Comme le dit bien l’éditeur Momiyama, « Nous vivons désormais à une époque où, dès qu’une nouvelle série intéressante débute, des lecteurs du monde entier la lisent dans la langue de leur choix, la transformant en une œuvre populaire à l’échelle mondiale. » De cette manière, ces prochaines années devraient laisser place à une multitude de nouveaux projets prometteurs qui, sans cette mutation créée par la plateforme, n’auraient jamais quitté les terres japonaises…
Manga plus : un moyen de lutter face aux scans
Un autre défi auquel est confrontée l’industrie du manga est la démocratisation des scans. Ces chapitres numérisés et traduits par des fans, souvent sans le consentement des éditeurs officiels, posent un sérieux problème. Il faut dire, les affaires concernant les droits d’auteurs de mangas et animés ne sont pas prises à la légère au Japon. Nous avons pu le constater avec le Youtubeur de 53 ans Shinobu Yoshida, qui après avoir diffusé et monétisé des Shorts des épisodes de Spy x Family (entre autres), a été condamné à 2 ans de prison avec sursis et 6000 euros d’amende.
Pour revenir à Manga Plus, la plateforme pourrait offrir une solution viable à la question des scans. En rendant ces contenus accessibles de façon gratuite et légale, le but à terme se trouve dans la baisse de pertinence des sites illégaux. De plus, l’introduction d’un système d’abonnement pour lire ces œuvres de manière simple et à prix raisonnable pourrait séduire un grand nombre de personnes. En bref, une contre-attaque à suivre de près.
Quoi qu’il en soit, il sera très intéressant de voir comment l’industrie du manga continuera d’évoluer avec toutes ces nouvelles composantes qui entrent en jeu.