Le neuvième volume du manga Oshi no Ko en France est disponible dès aujourd’hui, le 9 novembre 2023. Ainsi, nous vous proposons de revenir sur ses débuts au Japon, qui ont été rythmés par la polémique.
Oshi no Ko (en français « Enfant préféré » ou « Les Enfants de leur Idole ») est le fruit de la collaboration entre Aka Akasaka qui s’illustre au scénario et de Mengo Yokoyari qui s’occupe des dessins. Il est publié au sein du Weekly Young Jump de la Shueisha, qui accueille des œuvres à succès comme Kingdom, Kaguya-Sama: Love is War ou encore Tokyo Ghoul par le passé. Le manga fait ses grands débuts dans le magazine en avril 2020 et compte désormais 12 volumes, le treizième étant prévu pour le vendredi 17 novembre 2023 au Japon.
En France, le manga Oshi no Ko est accessible sur l’ensemble du territoire grâce à la maison d’édition Kurokawa (SPY X FAMILY, Vinland Saga, One Punch Man). En effet, la série a rejoint leur catalogue en 2022 et son premier tome est mis en vente dès le 13 janvier de cette année. À l’heure actuelle, le tome le plus récent est le neuvième, disponible dès maintenant en ligne ou en librairie. Pour l’occasion, l’éditeur français propose un volume à la jaquette effet métallisé ainsi qu’un shikishi en cadeau. Le synopsis officiel est comme suit :
Dans le monde du spectacle, le mensonge est une arme ! Le docteur Gorô est obstétricien dans un hôpital de campagne. Il est loin du monde de paillettes dans lequel évolue Aï Hoshino, une chanteuse au succès grandissant dont il est un fan absolu. Ces deux-là vont se rencontrer dans des circonstances exceptionnelles, ce qui changera leur vie à jamais !
Des ventes records grâce à l’adaptation animée
Le 30 octobre 2023, Oshi no Ko dépasse la barre des 15 millions de copies en circulation. Il faut dire, les performances commerciales du manga ont littéralement explosé à la suite de son adaptation animée produite par le studio Doga Koba. En France, il est distribué par la plateforme de streaming ADN. Dès le premier mois de sa diffusion en avril 2023, Oshi No Ko a fait une remontée fulgurante, en passant de la 14e position dans le classement Oricon de mars avec 237 489 ventes à la troisième place avec 680 052 exemplaires vendus, soit une augmentation des ventes de 190% !
L’œuvre occupe par la suite la tête du classement des deux mois suivants, avec 820 912 ventes en mai, puis 859 290 en juin. Malgré avoir dépassé le million de copies vendues en juillet (mois suivant la fin de son animé, 1 274 701 exemplaires), Jujutsu Kaisen (1 493 302) et One Piece (1 619 508) avaient leur mot à dire, la reléguant à la troisième position. Enfin, Oshi no Ko a pu savourer une dernière fois la première place en août avec 628 403 ventes, avant de quitter le top 20 en septembre 2023. En définitive, une ascension fulgurante qui aura captivé aussi bien le public japonais que les lecteurs et spectateurs étrangers.
Oshi no Ko victime d’une grosse polémique
Oshi no Ko a suscité un vif débat au Japon durant ses débuts. En cause, un parallèle assez troublant avec un fait divers qui a eu lieu dans le pays. Effectivement, le mois de mai 2020 a malheureusement été rythmé par un drame : le suicide de la lutteuse professionnelle Hana Kimura, âgée de seulement 22 ans. Cette dernière avait mise fin à ses jours après avoir été la cible d’une grosse campagne de harcèlement en ligne, due à sa participation à l’émission de TV réalité romantique « Terrace House ».
C’est lorsqu’Oshi no Ko est entré dans son arc « Dating Reality Show » en octobre 2020 que les choses ce sont enflammées, dans la mesure où le public a naturellement fait le lien entre ce qui est arrivé à Hana Kimura et la tentative de suicide du personnage d’Akane Kurokawa pour les mêmes raisons. Ainsi, le manga s’est retrouvé au cœur d’une controverse nationale. L’auteur Aka Akasaka a nié au micro du média Premium Kai-You, le 9 septembre 2021, toute intention de mimer le cas tragique de Hana Kimura dans son œuvre : « C’était quelque chose sur lequel j’avais décidé d’écrire avant même que le manga ne soit publié en série, donc c’était un pur hasard que quelque chose de similaire se soit produit à peu près au même moment » déclare-t-il. Dès le 5 juillet 2021, il précisait d’ailleurs chez le média LiverdoorNews que « ce que je veux décrire, ce ne sont pas les ténèbres du monde du divertissement [en référence au cas de Hana Kimura dans Terrace House], mais les gens qui luttent sous les contraintes et la pression ». Malgré ces deux différentes mises au point, force est de constater que la diffusion de l’animé deux ans plus tard a ravivé les flammes de la controverse…
Kyoko Kimura, la mère de Hana, a exprimé avec force des critiques envers les créatifs de l’adaptation animée dans un message posté le 22 mai 2023. Elle déclare qu’elle « les méprises du fond du cœur » pour avoir manqué de sensibilité à l’égard de son deuil et de celui des proches pour faire du profit (malgré les démentis de l’auteur), d’autant plus que la diffusion de l’épisode d’Akane coïncide avec l’approche de l’anniversaire du décès de sa fille. Suite à la réaction des fans de l’oeuvre qui défendent le fait qu’Oshi no Ko porte une problématique très importante aux yeux de la société japonaise, Kyoko Kimura prend la parole pour le média JPrime le lendemain de la publication de son message : « J’entends que c’est une œuvre qui soulève des questions, donc je voudrais la soutenir si possible, mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire de procéder de cette manière », ce qui selon elle cause de la souffrance aux personnes réellement victimes de ces types d’actes.
Le Justice japonaise et le cyberharcèlement
Si l’affaire Hana Kimura a mis en lumière la perception du cyberharcèlement au Japon, la question a été de nouveau propulsée sur le devant de la scène internationale par le succès du manga Oshi no Ko. Le cas de deux des cyberharceleurs de la jeune femme, seulement condamnés à une amende de 9 000 yens (environ 55 euros) pour avoir participé au phénomène, a provoqué l’indignation publique, surtout lorsque le Japan Times nous dévoile la nature des messages virulents adressés à la jeune femme tels que : « Tu as une personnalité affreuse. Ta vie mérite-t-elle d’être vécue ? » ou encore « Hé, hé. Quand vas-tu mourir ? ».
Le 7 juillet 2022 a marqué un tournant après que la Justice japonaise ait décidé d’adopter des mesures plus sévères pour ce genre de cas : une peine de prison pouvant aller jusqu’à un an, une amende pouvant monter jusqu’à 300 000 yens (environ 2000 euros) et un délai de prescription des injures allongé de un à trois ans.
En exposant les problématiques et les conséquences que peuvent avoir le cyberharcèlement dans son œuvre, Oshi no Ko montre bien que n’importe quel medium est utile pour sensibiliser le public.