Purple Haze Feedback nous embarque dans la quête de rédemption de Panacotta Fugo, dévoilant une facette plus profonde de l’univers de Jojo’s Bizarre Adventure et de sa partie 5, Golden Wind. Voici ce que nous en avons pensé.
Dans le cadre du VS JOJO de 2011 à 2012, un événement célébrant le 25e anniversaire du manga Jojo’s Bizarre Adventure et les 30 ans de son créateur, différents auteurs ont été mobilisés afin qu’ils puissent élaborer des histoires non canon visant à étendre l’univers du manga culte. Le tout, accompagné des dessins d’Hirohiko Araki. Parmi ces auteurs se trouve Kouhei Kadono qui a donné naissance à Purple Haze Feedback.
Situé 6 mois après la fin de Golden Wind, nous suivons Panacotta Fugo, ancien membre de l’équipe à Bruno Buccellati qui avait décidé de ne pas les suivre dans leur bataille face à Diavolo. Dans le but de regagner la confiance du Passione dirigé par Giorno Giovana, l’utilisateur du stand Purple Haze s’engage dans une mission périlleuse tout en faisant face à ses démons et ses choix passés.
Un cadre s’intégrant parfaitement à Golden Wind
La partie 5 Jojo’s Bizarre Adventure nous plonge dans le monde de la mafia italienne et des luttes de pouvoir qui en découlent. Au cœur de ce tourbillon, nous découvrons Giorno Giovanna et son groupe, mené par Bruno Buccellati, en quête de renverser le boss Diavolo et de prendre les rênes de l’organisation criminelle Passione.
Les deux hommes sont motivés par l’éradication de la drogue dans les rues qui détruit la jeunesse napolitaine. Néanmoins, la complexité des enjeux liés à ce trafic, qui est pourtant la raison pour laquelle Passione a pu s’imposer comme la mafia la plus influente d’Italie, est très vite éclipsée par les batailles face aux traîtres de l’organisation puis Diavolo, tout en témoignant de l’ascension de Giorno.
Il est clair que la thématique de la drogue, bien qu’initialement présentée comme un enjeu majeur, s’est quelque peu estompée à mesure que l’histoire progressait. Et c’est précisément cette lacune que Purple Haze Feedback exploite habilement, redonnant à cette question toute l’importance qu’elle mérite. En mettant en scène Panacotta Fugo, un ancien allié de Buccellati avec sa mission de reconquérir la confiance de la Passione maintenant sous Giorno, Purple Haze Feedback réintroduit cette problématique d’une manière ingénieuse.
En effet, les prémices du roman amènent Panacotta Fugo à devoir éliminer l’ancien escadron responsable du trafic de drogues sous la direction de Diavolo. Nous en découvrons les quatre membres, et leurs stands, dont Manic Depression de Massimo Volpe, avec sa capacité unique de transformer le sel en drogue. Ce détail sur l’unicité de cette substance et son caractère éphémère, qui redevient du sel après un certain temps, met en lumière pourquoi Passione était intouchable durant toutes ces années. L’enjeu devient alors plus clair: éliminer cet escadron, c’est se débarrasser du cœur du problème.
Enfin, durant le light novel, il y a des moments où l’on peut se questionner sur la fidélité du comportement de Giorno, surtout lorsqu’il est suggéré qu’il pourrait tuer Fugo en cas d’échec de la mission. Bien que cela puisse être attribué à un changement d’auteur, il est crucial de se souvenir d’une chose : Giorno est le fils de Dio.
Ainsi, certains de ses nouveaux traits de caractère depuis son accession à la tête de Passione prennent tous leurs sens. Son charisme écrasant, semblable à celui de son père, a le pouvoir de convaincre et d’influencer ceux qui l’entourent malgré ses 16 ans. Une qualité digne du boss d’une mafia.
L’histoire de Panacotta Fugo est très prenante
Durant Golden Wind, Fugo a toujours été plutôt en retrait, notamment par rapport à son traitement dans le manga et l’animé. Cependant, ce light novel réussit avec brio à nous donner une vision plus complète de ce personnage. La profondeur ajoutée à Fugo est un des points forts du roman.
Sa complexité, qui est pressentie dans l’œuvre lorsqu’il se livre à sa bataille interne opposant sa loyauté envers Buccellati et une trahison pour sauver sa peau, est habilement retranscrite dans le roman. Cette tension psychologique est d’autant plus fascinante quand il se retrouve confronté à son ancien coéquipier Guido Mista dès les premières pages, rendant le dialogue entre les deux tendu et imprévisible, surtout quand nous savons que Mista n’attendait qu’un faux pas de Fugo pour avoir le plaisir de le cribler de balles suite à son acte.
Dans ce cadre, la perspective de Fugo sur des événements clés de sa vie, dont monter ou non sur le bateau ou encore les coulisses de son enfance et de ses rencontres avec Buccellati et Narrancia dans des flashbacks touchants, font l’objet d’un grand intérêt par l’auteur. Un autre élément intéressant se trouve dans la manière dont Fugo s’inscrit dans Passione.
Nous avons par exemple droit à ses tâches chez le cartel en dehors de l’influence de Buccellati. Sa dynamique avec Leone Abbacchio lors de ces missions en duo est un ajout rafraîchissant. La manière dont ils travaillent, l’un enquêtant pendant que le second élimine les menaces, montre un aspect inédit de leur rôle de gangster.
Enfin, l’auteur met le voile sur la présence de Fugo au sein du groupe de Buccellati avec son stand Purple Haze, qui agit comme pouvoir de dissuasion contre les éventuelles attaques d’autres groupes de Passione. Fugo est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Buccellatti s’est attiré les faveurs de Polpo, alors Capo à l’époque.
Pour cette mission afin de regagner la confiance de Passione, un personnage très intéressant est mis en avant : Sheila E. De la même manière que son stand Voodoo Child, capable de créer des bouches sur les endroits qu’elle frappe pour révéler les pensées et les secrets les plus intimes, sa présence renforce l’introspection de Fugo par rapport à ses choix. Ce dernier y voit quelques parallèles avec Trish Una, une femme qui aura valu à ses amis de se mettre en grand danger pour la protéger, chose dont il ne comprenait pas les raisons.
En somme, cette dynamique que Fugo et Sheila E ont permettent aux deux personnages de se confronter à leurs peurs et à leurs remords. Parce que oui, Sheila E ajoute une profondeur supplémentaire à l’histoire, en étant tourmentée par la question de savoir si sa quête de vengeance pour sa sœur était vraiment noble, comme elle le pense, ou purement égoïste maintenant que le responsable est mort et qu’elle trouve un nouveau sens à sa vie, en la personne de Giorno Giovana.
L’utilisation des stands brille par sa subtilité
Le concept des stands demeure l’un des éléments les plus innovants de l’univers Jojo, et Purple Haze Feedback est clairement à la hauteur à ce sujet. Dans le manga, nous pouvons séparer les stands en deux catégories : les conventionnels, dotés d’une forme et d’un pouvoir spécifique, et les moins conventionnels, qui ont des pouvoirs plus abstraits et conceptuels.
Purple Haze Feedback opte largement vers cette seconde catégorie. La raison est simple : dans un light novel, la narration est au cœur de l’expérience. De cette manière, nous nous éloignons des traditionnels combats de stands avec des barrages de coups à foison et énormément de stratégies pour vaincre l’adversaire. Cette fois-ci, les stands sont utilisés pour ce qu’ils sont en premier lieu, à savoir le reflet de l’âme de son utilisateur. Cette dimension est apportée par le troisième personnage qui complète l’équipe de Fugo et Sheila E : Cannolo Murolo.
Durant l’une de ses confrontations, il donne des éléments de réponses quant à la nature de certains stands en déclarant que son All Along Watchtower (stand composé d’un jeu de 32 cartes) est divisé en plusieurs parties limitant les dégâts qu’il reçoit, car il ne fait confiance à personne et encore moins à lui-même. Ainsi, il déclare être le type de personne capable d’agir par avidité et trahir et d’éliminer quiconque se dresse devant son objectif, même des proches.
Un propos très pertinent lorsque nous faisons le parallèle avec Shigechi (Harvest) et Nijimura Keicho (Bad Company) de la partie 4, Diamond is Unbreakble. Quoi qu’il en soit, c’est une vision poussée et très exploitée dont nous avons affaire concernant le concept de stand. Ceci explique certains actes de Murolo, indirectement impliqué dans tout ce qu’il se passe dans Golden Wind, et pourquoi Giorno l’a assigné à cette mission.
Le développement de Fugo avec son stand Purple Haze est également au service de cette idée motrice dans le light novel. La double symbolique entre le virus qui émane de ses poings, dangereux aussi bien pour son utilisateur que son adversaire, se reflète au virus qui hante son esprit, qui le pousse à trop réfléchir et à devenir incapable d’agir.
Lorsqu’il regarde son stand dans les yeux pour la première fois, et que ce dernier évolue lors du combat final, nous pouvons y voir une acceptation de soi, une confrontation avec ses propres démons pour aller de l’avant.
L'article
Purple Haze Feedback
Purple Haze Feedback est le light novel dont nous avions secrètement besoin. Ce dernier nous plonge avec succès dans la psychologie et la quête de rédemption de Panacotta Fugo, offrant une vision enrichissante de l'univers de Jojo post-Golden Wind. En plus d'aborder habilement des thèmes sous-exploités dans la série principale, Purple Haze Feedback parvient à y apporter une dimension enrichissante grâce à sa manière fine d'utiliser le concept des stands.
Avantages
- Une histoire passionnante à suivre.
- Un trio principal très intéressant.
- Une utilisation des stands pertinentes.
- Des connexions habiles avec la saga Jojo.
Inconvénients
- Une excellente histoire qui n'est malheureusement pas canon.
- Des ennemis pas aussi captivants et intimidants que ça.