Alors que le Tokyo Film Processing Laboratory s’apprête à fermer ses portes, son communiqué quant à l’avenir des tirages originaux des films et animés de la société suscite de l’inquiétude.
C’est une page qui se tourne pour tout un pan du patrimoine culturel du Japon. Effectivement, après sept décennies, le Tokyo Film Processing Laboratory annonce la cessation totale de ses activités le 25 novembre 2023, avant de définitivement fermer le 30 novembre 2023. Cet acteur majeur des films et animés japonais, fondé en 1955, a vu passer dans ses locaux une flopée de travaux emblématiques du monde cinématographique comme King Kong vs Godzilla (1962), Le Tombeau des Lucioles (1988) et plus récemment Détective Conan : La Balle Ecarlate (2021).
Ce clap de fin pourrait mettre en péril plusieurs tirages originaux. En effet, le Tokyo Film Processing Laboratory affirme dans un communiqué de presse ne plus être en mesure de stocker les plaques de films originales à partir du mois de décembre 2023. Naturellement, la société fait de son mieux afin de les restituer à leurs propriétaires. Néanmoins, ceux qui seraient impossibles à retrouver verront le produit détruit. Nous assisterons alors à la disparition d’une multitude de précieux négatifs :
« Nous nous excusons pour tout inconvénient, mais si nous ne recevons pas de réponse à notre contact, ou si nous ne sommes pas en mesure de vous contacter, ou si nous ne pouvons pas confirmer le retour de l’original, il sera éliminé à partir de fin octobre, et cette disposition sera laissée à notre société ».
De plus, dans l’hypothèse où les originaux sont bien restitués, certains internautes comme le traducteur professionnel anglais/japonais Nappasan ont souligné la question de l’entretien de ces plaques et négatifs. Une personne qui hériterait de l’une d’elles pourrait ne pas voir la valeur de cette dernière, la négliger et finir par la détruire au fil du temps, ce qui nous fait revenir au problème de départ…
Des premiers actes pour sauver ces œuvres
Cette situation dramatique a poussé le démocrate et membre de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo, Zenko Kurishita à réagir et à prendre des mesures. Ce dernier n’a pas hésité à se saisir de l’affaire. Il révèle dans une série de tweets avoir pu discuter avec l’équipe de Tokyo Film Processins Laboratry. Après pratiquement 70 ans d’activités et un travail d’une grande valeur historique, ils aimeraient bien évidemment éviter d’avoir à détruire ces pièces. Ainsi, le politicien a exprimé sa volonté de « examiner à nouveau la possibilité de les faire prendre en charge par une installation gouvernementale, y compris les problèmes liés aux droits ».
Zenko Kurishita a pu remonter le problème à l’Agence pour les Affaires culturelles du Japon, qui a reconnu ce que ces œuvres représentent pour le patrimoine culturel du pays. Actuellement, la cellule explore la possibilité de stocker les films et animés sous la menace d’être détruits. Cependant, la question des droits est le point noir qu’il faudra élucider. Eh oui, même si Tokyo Film Processins Laboratry n’arrive pas à retrouver ou entrer en contact avec les titulaires des droits, elles restent leur propriété. Par conséquent, elles ne peuvent tomber sous le domaine du gouvernement et encore moins sous le domaine public.
En parallèle, d’autres solutions ont été étudiées comme la numérisation des archives. En revanche; deux problèmes viennent la mettre à mal. Tout d’abord son prix, qui demande énormément de ressources financières à l’entreprise. Enfin, le temps de réalisation du processus. Avec un délai fixé à la fin du mois d’octobre 2023, l’opération n’aurait pas pu s’achever à temps. Quoi qu’il en soit, Zenko Kurishita qui a l’habitude de s’engager sur les thèmes concernant les œuvres culturelles (mangas, animés, films) nous tiendra au courant de l’évolution de ses démarches.
Avec un enjeu aussi important que la préservation d’un patrimoine culturel, la suite de cette histoire sera donc à observer de très près.